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Le terrain communautaire, qui est d’envergure au cimetière de Joliette, sert aujourd’hui aux proches peu fortunés qui peuvent ainsi enterrer la personne décédée en prenant une entente libérale sur les modalités de paiement.

DOSSIER. Mgr Jean-Paul Laferrière ne prise guère le terme de « fosse commune », préférant « terrain communautaire ». Dans l’imaginaire collectif, la fosse commune d’un cimetière évoque souvent l’image glauque de cadavres empilés, parsemés de chaux vive. L’adjoint de l’évêque du diocèse de Joliette, ainsi que la directrice du cimetière catholique joliettain, Sylvie St-Jean, brisent cette vision en entrevue avec l’Action.

« Un terrain communautaire est un espace qui appartient à la fabrique et est prévu pour les personnes qui ne peuvent défrayer le coût d’une concession », explique Mgr Laferrière, spécifiant que le terrain peut servir aux proches pauvres du défunt comme à ceux qui ne sont pas réclamés, bien qu’obligatoirement identifiés.

En quelque 40 ans de carrière, il a été confronté à cette dernière situation une seule fois, il y a une vingtaine d’années. Partant du Bureau du coroner, le défunt a été transféré dans un centre funéraire duquel Mgr Laferrière a reçu la demande d’une cérémonie religieuse. « Même avec son identification, nous ne connaissions pas sa religion. Nous étions cinq pour le rituel catholique et l’enterrement, soit moi-même et quatre porteurs. L’homme a été inhumé dans le terrain communautaire. Je me suis compté chanceux d’offrir à cette personne, par des prières et des gestes simples, toute sa dignité, au-delà du rite », raconte-t-il, soulignant qu’à l’époque, il officiait à Mascouche.

Pour sa part, Sylvie St-Jean appuie les dires de Mgr Laferrière, soit que le terrain communautaire, qui est d’envergure au cimetière de Joliette, sert aujourd’hui aux proches peu fortunés qui peuvent ainsi enterrer la personne décédée en prenant une entente libérale sur les modalités de paiement. Seul dépit : il n’y a pas de plaque commémorative, bien que Mme St-Jean raconte « qu’une famille a posé une croix en bois et nous l’y avons laissé. »

En 37 ans de carrière, la directrice peut témoigner de la période où de nombreux corps non réclamés ont été inhumés dans ce lot. C’était l’époque durant laquelle l’hôpital Saint-Charles-de-Joliette, spécialisé en soins psychiatriques, était ouvert. « Le centre avait acheté un lot. Lorsque le personnel avait des corps identifiés mais non réclamés, il nous téléphonait, faisait le transport du défunt pendant qu’on creusait la fosse et la personne y était enterrée sans rituel », se souvient-elle, assurant toutefois que maintenant, ces cas sont rarissimes, n’en ayant pas eu depuis près d’une décennie.

 

 

Publié le 19 novembre 2015, l’Action.com